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Chants d'oiseaux

Écoutez donc, le chant de Lazane et Cressi ; écoutez, vous mortels qui rêvez de vivre toujours… entendez l’histoire des amants maudits.
Les phœnix : créatures fantastiques, issues de la magie même. Oiseaux de feu, ils apprirent à revêtir une forme humaine afin d’interagir avec les autres espèces, les rares fois où celles-ci attirent leur attention. Seuls véritables immortels, ils se moquent de tous car tous ne sont que poussière et finissent par retourner à la terre.
Eux renaissent de leurs cendres, puis grandissent et vieillissent, puis meure et naissent encore ; ils ne vivent pas une vie, mais cent, mille, accumulant les expériences. Chacun de leurs œufs et une bénédiction, car les immortels sont peu féconds, et leurs poussins ont vu plus de siècles que les plus vieux mortels.
Cependant, ce feu qui les ramène est-il infaillible ?
Les phœnix vivent pour la plupart dans le désert de Suh et, à vrai dire, personne ne se souvient s’ils s’y sont installés parce qu’il y faisait chaud ou si l’aridité est due à leur présence. Les phœnix, voyez-vous, détestent la pluie.
Si vous osez leur demander, et qu’ils sont d’humeur à vous répondre, ils affirmeront que l’eau alourdit leurs plumes et les empêche de voler. Ce n’est pas un mensonge. Ils ajouteront que, nés du feu et mourant dans le feu, le froid leur est désagréable. Là aussi, ils diront la vérité. En laissant l’essentiel de côté.

~ ~

Lazane et Cressi étaient amants depuis quelques siècles à peine quand Cressi, grande et rousse comme tous les siens, décida de voyager au travers du monde. Elle déploya ses ailes de flammes et, laissant là son compagnon, s’envola vers d’autres horizons. De toute façon, ils avaient l’éternité pour se retrouver.
Cressi survola ainsi le désert, visitant les villes des mortels, puis arriva dans des royaumes plus humides. Elle se tint loin de la mer, l’idée d’une si grande étendue d’eau la mettant mal à l’aise, mais n’hésita pas à se montrer aux humains pour qu’ils l’honorent et la couvrent de cadeaux. Malgré les températures plus basses de ces contrées, elle ne portait que son pagne et ses bijoux d’or, car les phœnix n’ont pas besoin de vêtements pour se protéger du froid, et sa peau ferme et bronzée attirait tous les regards.
Et, notamment, le regard d’un prince.
L’histoire n’a pas retenu son nom – les phœnix se préoccupent peu du nom des mortels – mais on sait que son père, le roi, était vieux et gâteux, et que le prince agissait comme bon lui semblait. On se souvient qu’il était jeune et fougueux, mais aussi rusé, et qu’il avait l’habitude de toujours obtenir ce qu’il désirait.
La belle, l’exotique Cressi ne pouvait que l’intéresser, aussi l’attira-t-il dans son palais en la couvrant de cadeau, en préparant maints spectacles fabuleux en son honneur, en ordonnant à tous de l’honorer comme une déesse. L’orgueil de Cressi en fut flatté – les phœnix en ont à revendre – et elle s’installa dans le palais comme dans son nid.

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Le premier jour, le prince fit élever une statue d’or à son image, et Cressi hocha la tête.
Le second jour, le prince vit venir les mets les plus délicieux des quatre coins du monde, et Cressi le regarda.
Le troisième jour, il lui proposa des bijoux somptueux, et Cressi lui sourit. Il fut surpris de la voir choisir uniquement ceux faits d’or et, curieux, lui demanda pourquoi.
« Ne sais-tu donc pas que l’or est le métal de ma race ? lui répondit la phœnix, amusée de son ignorance. Il canalise notre énergie et fibre à notre contact.
— Dans ce cas, je ferai venir tout l’or du royaume pour te l’offrir », déclara le prince.
Cressi sourit encore et il se sentit approcher du but. Il la regarda admirer les pièces de bronze et de cuivre mais nota, malgré lui, qu’elle évitait même de toucher celles d’argent.
Le quatrième jour, il composa des poèmes à sa gloire, et le cinquième il lui inventa les titres les plus glorieux ; le sixième, il lui offrit une chambre dans la plus haute de ses tours, dotée de grandes fenêtres, pour qu’elle y soit comme chez elle. Il continua ainsi, que la pleine lune à la lune pleine, trouvant chaque jour une autre manière de la flatter, la voyant chaque soir plus ravie.
Malgré lui, il ne pouvait quitter sa gorge du regard, ses seins bronzés qui se soulevaient au rythme de sa respiration, ses jambes fuselées, magnifiques bien qu’elles ne se terminent pas par des pieds mais par des serres – car les phœnix sont des créatures volantes et se moquent de ressembler tout à fait à des humains. Il rêvait de toucher les plumes rouges qui se mêlaient à ses cheveux, de tester la douceur des ailes qui frémissaient dans son dos, d’éprouver la dureté des queues mordorées qui cliquetaient à chacun de ses mouvements.
Cressi, le vingt-neuvième jour, le laissa toucher son bras, et le trentième, sa cuisse. Le trente-et-unième, lorsqu’il ne tint plus et posa sa bouche sur la sienne, elle le laissa complaisamment embrasser ses lèvres ; le trente-deuxième, elle prit d’elle-même sa main pour le mettre, enfin, sur ses seins fermes.
Tels sont les phœnix : les mortels ne sont rien, aussi ne les prennent-ils que rarement comme amants. Cependant, agir de cette manière ne revient pas à tromper son compagnon, car les mortels meurent si vite qu’ils ne sont qu’une brève parenthèse dans leur longue vie.
Le prince, bien entendu, ignorait que Cressi le considérait ainsi ; il ignorait même l’existence de Lazane, que Cressi ne crut pas bon de mentionner. Il savoura sa peau épicée des lèvres, embrassant son cou puis ses seins, puis son ventre doux, puis ses cuisses, et enfin, retirant son pagne, la douce vallée de sa féminité, qu’il trouva humide comme celle d’une femelle humaine. Cressi laissa l’humain la toucher de sa langue, puis de ses doigts, qu’elle trouva maladroits mais adorables dans leur fougue ; elle le laissa s’agiter entre ses jambes puis, enfin, enfoncer son sexe dans sa chaleur douce, et lui murmurer combien elle était magnifique en lui donnant le plaisir qu’il pouvait.
Cressi gémit une trille, et le prince s’imagina qu’il avait séduit son bel oiseau et qu’il parviendrait à la garder dans la cage dorée qu’il lui avait préparée.

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Mille jours, Cressi écouta le prince chanter ses louanges, appréciant son doigté à la harpe bien que sa voix n’égale pas celle des phœnix. Mille nuits, elle le laissa la rejoindre dans son lit et profita de ses étreintes jusqu’à l’épuiser, avide de sensations, ravie de sa jeunesse et amusée par son inexpérience.
Elle lui apprit bien des choses sur les jeux de l’amour : comment lui faire écarter les cuisses rien qu’au son de sa voix, comment prendre du plaisir avec sa bouche, comment l’honorer depuis son dos, comme le font les phœnix qui se respectent, car s’allonger en présentant le ventre ne permet pas de battre les ailes.
Elle lui montra l’amour comme il ne l’avait jamais rêvé, des merveilles que les humains n’imaginent pas, et qui sont pourtant à portée de leurs doigts, de leurs langues et de leurs sexes ; elle lui fit même comprendre la beauté des oiseaux, de leurs plumes et de leurs chants.
Le prince, au départ avide de posséder un bien unique, devint tout à fait fasciné. Il se prit à vouloir poser sa joue contre sa poitrine et ne plus se relever ; à la serrer dans ses bras sans vouloir la lâcher.
À ce moment, Cressi déclara qu’elle allait continuer son voyage.
Le prince fut d’abord surpris et tenta de la convaincre de rester ; elle refusa. Il la supplia ; elle refusa. Il lui offrit sa couronne ; elle rit. Quand il en vint aux menaces, elle l’épingla sur son lit et coucha avec une dernière fois, ravie de sa persistance, avant de reprendre sa forme d’oiseau et de s’envoler par la fenêtre.
Le prince banda son arc, furieux, et lança une flèche empennée d’une plume bleue. Celle-ci aurait dû se planter dans l’épaule parfaite de Cressi, mais celle-ci gonfla ses plumes et tendit ses ailes, et parvint à l’éviter, trillant un rire qui résonna dans la vallée.

~ ~

Pendant un an et un jour, elle continua son voyage, s’amusant, découvrant, prenant d’autres amants. Enfin, lassée, elle retourna vers le désert, prête à retrouver le chant langoureux de Lazane et ses plumes douces.
Mais lorsqu’elle arriva chez elle, son nid était vide.
Elle crut d’abord qu’il était parti chasser : Lazane n’était pas oiseau à rester longtemps loin du nid, contrairement à elle. Elle l’attendit trois jours et trois nuits, mais il ne revint pas. Elle s’envola alors vers les nids les plus proches. Les autres phœnix admirent qu’ils n’avaient plus vu Lazane depuis quelques semaines ; ils ne s’en était pas inquiétés, occupés par leurs propres affaires.
Cressi retourna alors à son propre nid pour le fouiller plus attentivement, ainsi que les alentours. Après de longues recherches, sa vue perçante lui permit de trouver une flèche à moitié ensevelie sous le sable, empennée d’une plume bleue…
À dire la vérité, il fallut un certain temps à Cressi pour se souvenir où elle avait vu sa pareille. Le prince et ses ébats l’avaient amusée pour un temps mais, déjà, elle commençait à oublier ce divertissant mortel. Lorsqu’enfin le visage furieux lui revint à l’esprit, elle crut s’être trompée ; après tout, qu’est-ce qu’un humain pourrait faire à un phœnix ? Elle attendit encore ; Lazane ne revint pas. Elle s’envola pour se poser sur le plus haut sommet du désert et y chanta le nom de Lazane ; mais il ne répondit pas.

~ ~

Finalement, à court d’idées, elle s’envola à nouveau vers ce royaume où elle se souvenait vaguement être restée plus longtemps. Elle eut du mal à le retrouver et, une fois sur place, apprit que le roi était mort, et que le prince avait été couronné. Elle n’eut pas de mal à entendre parler de Lazane ; que leur roi ait été capable de capturer un second phœnix remplissait le peuple de fierté.
Ces mots, bien sûr, enragèrent Cressi au-delà de toute raison. Comment ! Non seulement cet humain de pacotille osait s’en prendre à Lazane, mais il prétendait avoir capturé Cressi, quand elle avait daigné rester à ses côtés pour répondre à ses suppliques ! Il lui avait servi d’esclave, et prétendait l’avoir soumise ? Elle ne fit ni une ni deux et se dirigea vers le palais, directement dans la chambre où le prince venait jadis l’honorer, prête à en découdre.
Mais le prince devenu roi était prêt. Sitôt fut-elle entrée qu’une cage s’abattit sur elle.
Plus furieuse encore, elle lança ses flammes contre les barreaux ; grande fut sa surprise lorsqu’elle constata qu’ils ne fondaient pas. Elle les observa de plus près et poussa un cri de dégoût en constatant qu’ils étaient forgés en argent pur. Elle gratta le sol de ses serres ; mais sous le tapis moelleux – dont elle se souvenait bien, car le prince l’y avait prise – le carrelage avait été couvert de feuilles d’argent, contre lesquelles elle ne pouvait rien. Elle poussa un Cri de rage, qui fit trembler les murs et exploser le verre… mais elle resta prisonnière.
Le roi vint alors la trouver.
« Belle Cressi, je suis heureux de te revoir, dit-il.
— Comment oses-tu t’en prendre à moi ! trilla-t-elle, enragée.
— Je veux que la déesse de mes nuits me revienne ; que la déesse des jours de mon peuple reste parmi nous pour les honorer de sa présence.
— Relâche-moi tout de suite, moins que rien ! »
Le roi se contenta de sourire. Cressi commença à comprendre que les menaces ne l’aideraient pas.
« Approche-toi, mon beau. Je me souviens de tes mains douces et de ta langue habile. Si tu viens plus près, je t’offrirai un baiser en souvenir de ces agréables nuits dont tu parles. »
Mais le roi resta hors de sa portée.
« Je vais t’offrir un cadeau », déclara-t-il, et il claqua des mains.
Deux esclaves, jeunes et beaux, vinrent présenter une boite devant sa cage. Cressi les griffa de ses serres, frustrée de ne pas pouvoir atteindre le roi, et tous deux reculèrent en pleurant.
« Voici deux bracelets pour toi, ma douce, dit le roi, ainsi qu’un beau collier. Si tu acceptes de les mettre, je te laisserai sortir. »
Cressi n’avait pas le choix : elle ouvrit la boite pour y jeter un coup d’œil… et y trouva deux bracelets et un collier d’argent.
« Jamais de la vie ! trilla-t-elle, plus furieuse que jamais. Je ne suis pas un animal domestique !
— Alors tu resteras là, ma jolie. »
Le roi sortit, suivi des esclaves qui portaient la boite, la laissant fulminer. Elle chercha encore à gratter le sol, mais cela ne servit qu’à blesser ses serres. Elle Cria, sans succès autre que de s’irriter la gorge. Elle cajola, sans que personne ne lui réponde. Et, le lendemain, le roi revint lui proposer les bracelets. Qu’elle refusa.

~ ~

Il revint tous les jours, pendant un an. Chaque fois, Cressi hurlait et tempêtait, refusant de se laisser soumettre. Il lui promit monts et merveilles, lui proposa de l’épouser, d’obtenir la moitié du royaume, d’être érigée à jamais au titre de déesse, d’hériter du royaume après sa mort… tant qu’elle acceptait de porter les bracelets et d’oublier Lazane.
Au départ, la rage seule animait Cressi, mais après les mois et les mois, la tristesse l’envahit. Elle était rentrée à son nid pour retrouver son compagnon qui lui manquait après une longue absence, et elle ne l’avait pas retrouvé. Doucement, elle commença à pleurer sur leur séparation, et à Triller des chants si tristes que ceux qui l’entendaient se sentaient envahis par une étrange mélancolie. Les quelques-uns qui revinrent, chaque soir, pour l’entendre, sombrèrent dans la dépression, cessant de rire et de parler, et bien vite l’accès à la tour où se trouvait la phœnix fut interdit.
À la fin de l’année, le roi proposa une dernière fois les bracelets à Cressi, qui les refusa. Avec un soupir, il renvoya les esclaves.
« Je vois bien que jamais plus tu ne m’accepteras, dit-il. Cependant, je ne peux pas laisser un autre t’avoir. Je pleurerai ta mort et porterai ton deuil comme celui d’une reine. »
Cressi, d’abord, ne comprit pas. Elle resta figée de surprise lorsqu’il tendit son arc, fronça les sourcils lorsqu’il lâcha la flèche, n’eut qu’un petit bruit de gorge étranglé en s’effondrant. Le feu la ramènerait bien assez tôt.
Elle se réveilla dans une grande boite d’argent percé de trois minuscules trous, et l’air sentait le sel. Elle poussa une faible trille et, à son grand soulagement, une trille identique lui répondit.
« Lazane ! s’exclama-t-elle dans la langue des phœnix.
— Cressi ? » répondit son compagnon.
Ils chantèrent ensemble la joie de se retrouver, ravissant ceux qui les entouraient, sans comprendre que les roulements étranges sous eux étaient ceux de la mer, et les boites qui les enfermaient leurs servaient de cercueils.
Ils chantaient encore lorsque ceux-ci furent lancés par-dessus bord ; leur chant se transforma en cris de surprise puis de peur lorsqu’ils touchèrent l’eau et que celle-ci remplit les cercueils. Leurs trilles furent si stridentes que ceux qui les entendirent devinrent fou, et aucun des marins ne revint au port ; personne ne survécut pour se souvenir où les phœnix avaient été immergés.
Le roi, en tout cas, avait bien deviné : l’eau en si grande quantité empêcha les flammes des deux phœnix de surgir, donc de les ramener à la vie. Le roi porta le deuil, comme promis, pendant toute une année ; et il continua d’honorer la statue d’or à l’image de Cressi. Il fit venir toutes les femmes rousses du royaume pour les prendre comme concubines, et chaque soir, il en prenait une en murmurant le nom de Cressi, mais jamais plus il ne fut satisfait ; il mourut sans épouse et sans jamais revoir ni Cressi, ni Lazane.
À vrai dire, aucun mortel né à l’époque n’en entendit plus parler.

~ ~

Les années passèrent, puis les siècles. Leurs corps se décomposèrent jusqu’à être réduit à l’état d’ossements, et ceux-là même commencèrent à tomber en poussière. L’eau éroda les cercueils. Le royaume du petit roi qui les avait condamné disparut de la carte. Les mers se reformèrent.
Et, un jour, un marin, ravi de sa bonne fortune, remonta du fond de la mer deux énormes boites d’argent pur. Il fut fort surpris de trouver des squelettes à l’intérieur, ainsi que des bijoux d’or. Supposant qu’il s’agissait des restes d’un roi et d’une reine des temps passés, il conserva les ossements dans un coin de son bateau ; l’un ou l’autre chercheur en voudrait peut-être, bien qu’ils soient en mauvais état.
Sa chance fut très grande, car il eut le temps de regagner la cote avant que les os ne sèchent. Il survécut donc lorsque ceux-ci s’embrasent d’un coup et, grâce aux cercueils d’argent, devint riche – ou mourut tôt car d’autres l’auront dérobez, difficile à dire, avec les morts.
Reste que les os s’embrasèrent bel et bien, car même si l’eau peut empêcher les phœnix de revenir à la vie, elle ne fait que délayer l’instant où leurs flammes surgiront, car les phœnix sont véritablement immortels.
Cressi fut la première à se relever, sous sa forme d’oiseau, car telle est le vrai visage des phœnix, qui ne perdent leurs plumes que pour communiquer avec les mortels. Elle leva son bec vers Lazane et trilla doucement.
Lui leva les yeux vers elle… et poussa un cri.
« Qui êtes-vous ? »
Cressi poussa un piaillement de surprise et essaya de lui expliquer. Cependant, même la magie des phœnix ne les restaure pas entièrement après tant d’années et les mots refusèrent de se former dans sa gorge. Lazane insista, lui demandant encore et encore qui elle était et qui il était lui-même, car il avait oublié jusqu’à son nom. En ne la voyant pas répondre, il crut qu’elle se moquait de lui, et lui demanda plus fort.
Elle ne put que piailler encore dans le vide.
Furieux, il attrapa ses ailes entre ses serres, la blessant si gravement qu’elle se retrouva incapable de voler par elle-même, et s’envola au-dessus de l’océan.
« Si vous ne me donnez pas tout de suite votre nom et le mien, je vous tue ! » trilla-t-il.
Elle pleura à chaudes larmes, mais ne sut lui répondre. Alors, Lazane, qui n’était plus Lazane, la lâcha simplement, la laissant tomber dans l’eau, à la merci des sirènes qui se firent un plaisir de l’entraîner si profond dans la mer que jamais plus ses os ne purent en ressortir.
Lazane, lui, se trouva un nouveau nom, et celui-ci était Éon ; et il retrouva le chemin du désert Suh. Les autres phœnix furent surpris de son choix, mais ne le contredirent pas, se contentant de l’accepter. Et, quand Éon se trouva un autre compagne, plus jeune et plus fougueuse encore que ne l’avait été Cressi, ils ne mirent pas en doute son jugement.
Quand le couple fut assez ancien, ils entrèrent dans le cercle de dirigeants des phœnix. Un jour, ils eurent un fils. Un jour, la belle Ruby eut un bâtard.
Mais tout cela est une autre histoire.


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