Retour à la liste des nouvelles

Entre ombre et lumière

« Entre ombre et lumière se cachent les enfants de la lune qui cherchent à toucher la flamme sans se brûler. »

Il y en a qui ont peur ; d’autres qui espèrent. Il y en a qui chantent pour oublier. Il y en a qui rient, d’autres qui pleurent. Mais il y en a aussi qui n’oublient jamais. Qui ont perdu espoir. Qui ne se laissent pas aller et qui pensent qu’ils ne méritent même plus de rire.

Il y en a qui vivent, d’autres qui survivent, ou sont déjà morts.

Ils ont renoncé à être pardonnés un jour, par eux-mêmes ou par le reste du monde. Ils continuent leur descente aux enfers parce que c’est le seul chemin qui pour eux n’est pas mensonger. Comment pourraient-ils passer à autre chose, eux pour qui l’innocence n’est qu’un mot, une fabulation ? Ils n’ont jamais été purs. La vie –leur vie- n’est pas pour les faibles.

Ils se cachent entre ombre et lumière, les enfants de la lune. Leur mère froide ne veille pas sur eux. Indifférente, elle les observe remuer, superbe mais hors d’atteinte. Et eux, voulant inconsciemment attirer son attention par leur force, ravalent cris et larmes pour se montrer aussi glaciaux qu’elle ; beaux masques de marbre devant leurs visages apeurés.

Ils rêvent d’être eux aussi près de la chaleur des flammes, près des autres. Ils ne l’admettent cependant pas. Ce serait une preuve de faiblesse… et ils ne pensent pas le mériter. Pourtant, eux aussi ont froid et le gel les ronge de l’intérieur, si fort que ceux qui tentent de toucher la flamme se font brûler.

Ils restent donc là, s’enfonçant dans les ombres, s’observant les uns les autres avec méfiance. La confiance est une utopie pour eux. Seuls ceux là bas au chaud peuvent se la permettre ; eux ont bien trop peur d’ouvrir leur cœur fragilisé par le froid et la solitude.

Seul un enfant de la lune peut en reconnaître un autre. Ceux qui parviennent malgré tout à les distinguer s’empressent de rentrer chez eux pour mieux les oublier. Mais, parfois, rarement, quelqu’un est intrigué. Par fois, presque jamais, c’est une de ces personnes avec la chaleur en-dedans, de celle qui ne brûle pas mais fait fondre le gel. Fasciné, il y aura toujours un enfant de la lune pour tenter de lui prendre la main, réussir par miracle ; et son sourire fait tomber le masque et l’amène au soleil.

Les enfants de la lune appellent ces êtres surnaturels « anges ».

Fin




Note de fin de chapitre :

2004, soyez indulgents, j'avais 17 ans XD


Retour à la liste des nouvelles