Flûte de Pan
David était un jeune berger qui vivait le long du Silence, le grand fleuve traversant Avalon. Pour tuer l'ennui, il essaya de se faire une flûte, mais n'y parvenait pas de façon satisfaisante. Il se contentait donc de chanter à ses chèvres pendant la journée, jusqu'à ce que Pan, amusé par son chant, décide de venir l'aider.
En échange du premier roseau taillé à la longueur exacte, il demanda un baiser. David accepta de le lui donner, bien que vierge et fort gêné, et fut ravi du présent obtenu. Mais bien sûr, la flûte ne fonctionnait toujours pas, bien qu'une une note soit juste.
Pan revint donc, et lui proposa un second roseau taillé parfaitement, en échange de pouvoir l'admirer nu aux rayons du soleil couchant. Très gêné, le berge refusa, et fit paître ses chèvres loin de la forêt dans les jours suivants.
Cependant, la vie de berger est solitaire et, de plus, les autres jeunes de son âge qu'il voyait parfois au village étaient tous bien plus riches que lui et avaient des habits plus soignés et des instruments de bois. Eux pouvaient espérer reprendre les menus commerces de leurs parents, bien que le village soit pauvre; l'un serait chasseur, l'autre fermier, l'autre encore forgeron ou tisseur. David, lui, travaillait pour l'un des autres fermiers car ses parents étaient morts alors qu'il n'était encore qu'un enfant, et dépendait entièrement du bon vouloir des autres, et ce d'autant plus qu'il devait veiller au bien être de sa grand-mère, seul parent qui lui restait.
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Un soir il partit se promener, tout découragé, et réalisa qu'il arrivait à l'orée de la forêt où Pan l''attendait. Le roi des faunes, touché par sa détresse, accepta de lui donner le deuxième roseau simplement contre un deuxième baiser. David en fut reconnaissant mais gêné; il espérait presque que Pan insiste pour le voir nu parce que, malgré lui, il trouvait Pan attirant.
Et qui ne pensait pas comme lui ? La voix du roi des forêts était plus basse que le grondement d'un loup et plus sensuelle que les promesses d'un incube; il exsudait le Mâle par le moindre de ses mouvements même ses jambes animales le rendaient plus excitant encore. Mais cette fois, il repartit sur ce simple baiser, et David se retrouva ainsi avec une flûte de pan dont deux des sept roseaux sonnaient parfaitement.
Les autres ne rendaient pas un si mauvais son et il l'attacha autour de son cou avec une ficelle. Ses chèvres l'écoutaient placidement, les oiseaux ne s'envolaient pas outrés lorsqu'il jouait en montagne, mais lorsque il voulut faire de même au village les autres se moquèrent de la piètre qualité de son instrument.
Il essaya bien sûr de l'améliorer par lui-même, encore et encore, sans succès; il joua malgré tout beaucoup dans la montagne, lorsqu'il était seul avec le troupeau, et améliora au moins sa technique… mais les moqueries l'avaient à nouveau déprimé et il rangeait la flûte sous sa chemise dès qu'il redescendait au village.
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Il ne fut pas surpris quand Pan revint une troisième fois lui proposer un roseau et, quand il lui demanda en échange de se baigner devant lui dans une des sources de la montagne, David accepta.
Pan attacha donc nonchalamment le troisième roseau à la flûte tout en le regardant se déshabiller, puis s'asperger d'eau froide. David était à genoux sur la mousse, les joues rouges, alors que le faune était assis sur un rocher à quelques pas. Il sentait parfaitement le regard du roi des forêts sur lui et, quand il se tourna brièvement pour lui jeter un coup d'œil, il s'empourpra encore plus, car l'intérêt de Pan était évident entre ses jambes.
"Continue donc", lui demanda Pan de sa voix suave, et David obéit.
L'eau collait ses cheveux un peu trop longs contre sa nuque, et le faisait frissonner. Néanmoins, il tâcha de se nettoyer correctement là où Pan le lui indiquait: "les bras", puis "les épaules", puis "le torse", puis "n'oublie pas les jambes"…
Trois notes parfaites furent jouées et David commença à se relever, mais Pan rit.
"Tu ne te laves pas le sexe ?"
David s'empourpra mais obéit à nouveau, prenant son membre en main pour le nettoyer, le frottant doucement. Il remercia cette fois l'eau d'être si froide.
Pan accepta enfin qu'il recule et lui tendit la flûte. Cependant, lorsqu'il s'approcha pour la prendre, il attira David contre lui et la lui passa lui-même autour du cou. David rougit à nouveau en sentant l'odeur mâle de Pan, qui était si près il sentait le musc et la forêt, l'homme et l'herbe humide.
"Tu as froid", lui murmura-t-il à l'oreille. "Veux-tu que je te réchauffe ?"
Mais David recula prestement et se rhabilla tout en le remerciant. Il s'enfuit avec l'excuse de devoir retourner à ses chèvres.
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David espérait que Pan revienne, bien sûr ; après tout, il restait quatre roseaux sur sept qui n'étaient pas taillés correctement. Après une semaine sans nouvelle, il se dit qu'il avait dû offenser le dieu en refusant ses avances, et il chercha une façon de se faire pardonner. Mais comment ? Il n'avait rien à lui donner, et ses chants comme sa musique ne semblaient pas suffire à le faire revenir.
Un soir, alors qu'il soupirait après s'être attardé un peu tard en montagne avec ses chèvres, il avisa le soleil qui commençait à rougir. Ses joues s'empourprèrent lorsqu'il songea à la proposition que Pan lui avait fait, de se faire admirer nu au crépuscule.
"Peut être reviendra-t-il si je lui offre cela ?" se dit le jeune berger.
Il hésita néanmoins. N'importe qui pourrait le voir ! Mais il se rassura bien vite : il n'y avait personne dans ces montagnes : chaque berger avait ses propres pâturages et personne n'allait empiéter sur ceux des autres. De plus, on ne trouvait pas de centaures à ces hauteurs, car leurs physiques ne leur permettait pas de grimper sur les rochers comme le faisaient les chèvres, les faunes, ou les humains agiles. Les loups eux-mêmes étaient partis de cet endroit, chassés par les faunes. Quant à ceux-ci, si certains se montraient eh bien, il saurait repousser leurs avances !
Il défit donc le lacet de sa chemise de laine et la fit tomber au sol. Ses chèvres étaient rassemblées avec lui dans la clairière et se déshabiller devant pareil public lui paraissait saugrenu, mais l'espoir de voir Pan revenir le pressa à défaire les boutons de son pantalon et à faire glisser celui-ci sur ses hanches. Le vêtement se retrouva bientôt au sol à son tour, et le berger fut nu.
Il s'agenouilla, tendant les bras comme pour s'offrir aux rayons orangés du soleil couchant. Malheureusement, après quelques minutes, il n'avait guère que des fourmis dans les bras et un sentiment croissant de ridicule.
Puis, il entendit quelque chose bouger dans un fourré. Dans un fol espoir il tourna la tête… mais rien. Il soupira doucement et tendit une main vers ses vêtements, prêt à se rhabiller. À cet instant, le vent se leva et une feuille vit se poser imprudemment sur son sexe, le faisant rougir d'abord, lui donnant envie ensuite de plus que de sa simple nudité.
Il chassa la feuille pour prendre doucement son sexe en main et, fermant les yeux, il se masturba, imaginant le roi des faunes devant lui. Il gémit le nom de Pan en jouissant.
Lorsqu'il réalisa ce qu'il venait de faire, il rougit jusqu'aux oreilles et se dépêcha de se rhabiller. Poussant les chèvres à se lever et à le suivre, il retourna au village et se dépêcha de les rentrer pour la nuit avant d'aller se coucher.
Lorsqu'il monta dans la grange de la ferme, où il dormait comme paiement de son labeur, il trouva un quatrième roseau posé là en offrande, et comprit que Pan avait été là tout le long du spectacle qu'il lui avait donné.
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David espérait que Pan se remontre après ce nouveau cadeau, mais tel ne fut pas le cas. Il retourna se laver à la source pour lui faire plaisir, chercha des fleurs dans lesquelles il se roula nu pour se parfumer autant que pour offrir à nouveau un plaisant spectacle au dieu. En ne le voyant pas venir après cette dernière trouvaille, il soupira et s'assit au milieu des fleurs, attrapant la flûte à demi terminée qu'il portait autour du cou pour seul vêtement.
Il se mit à jouer, en n'utilisant que les quatre notes dont les roseaux avaient été taillés par Pan. Très vite, les oiseaux se turent pour l'écouter jouer et les chèvres cessèrent d'aller et venir pour ne pas troubler sa musique. Il fut gêné de leur regard car, bien qu'ils ne soient que des animaux, il était toujours nu il termina néanmoins son morceau.
Il fut très content ce soir là de trouver un cinquième roseau dans sa grange. Cependant, il restait déçu si au départ il avait embrassé Pan pour améliorer son instrument, il aurait à présent préféré voir le dieu plutôt que recevoir ses présents.
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Lorsqu'il remonta dans la montagne le lendemain, il profita de la douceur du temps pour se mettre nu dès le matin, et resta ainsi toute la journée tout en vaquant à ses diverses occupations. Néanmoins, malgré ce qu'il avait pensé, les faunes n'étaient pas les seules créatures à vivre là et, alors qu'il paressait dans l'herbe tout en recomptant ses chèvres pour vérifier qu'aucune ne s'était trop éloignée, un serpent s'enroula autour de sa cheville.
David se figea, persuadé que le reptile allait le mordre et qu'il allait mourir. Le serpent continua de s'enrouler ainsi jusqu'à arriver à son ventre, et rampa sur son torse pour se retrouver à sa hauteur.
"Je t'ai entendu jouer longuement", dit le serpent, "et je t'ai vu être si sensuel. Pan n'est pas le seul à aimer la musique ni à apprécier ta compagnie je peux moi aussi te donner un roseau pour ta flûte"
David fut d'abord soulagé que le serpent ne lui veuille pas de mal, puis craignit ce qu'il pouvait lui demander en échange du roseau.
"Je sais que tu te sens seul et je n'ai pas de bras pour t'enlacer", dit le serpent. "Cependant, je peux te donner le plaisir que Pan te refuse, et ne demande que cela en échange du sixième roseau."
Le berger n'était pas certain de vouloir accepter, bien qu'il se sente effectivement seul ses amusements solitaires n'étaient pas suffisants pour lui, pas après avoir vu Pan de si près, pas après avoir entendu sa voix et avoir été touché par lui, même brièvement.
"Que veux tu exactement ?" demanda-t-il donc
"Laisse-moi prendre ton sexe dans ma bouche", proposa le serpent. "Je saurai te donner tout le plaisir que tu peux vouloir."
Mais David songeait aux crochets venimeux et, comme le serpent l'avait dit, il n'avait pas de bras, pas de jambes rien qui puisse le prendre désirable à ses yeux.
"Je suis désolé", déclara-t-il donc. "Je ne voudrais pas froisser Pan en m'offrant ainsi à quelqu'un d'autre."
Il espérait par ces mots faire partir le serpent sans encourir ses foudres – sans succès. Le serpent recula sur son ventre, sifflant de colère.
"Ce que tu ne veux pas m'offrir, je le prendrai gratuitement !"
David voulut le retenir, mais l'étreinte du serpent, qui était à présent enroulé partout autour de lui, se resserra, l'empêchant de faire le moindre mouvement. Le reptile approcha sa bouche de son sexe et, malgré sa frustration, le berger ne pouvait penser qu'à ses crochets dégoulinant de venin.
Il vit alors Pan debout dans le sous-bois, qui bandait un arc, pointant sa flèche vers lui. Confiant, il ferma les yeux et laissa aller sa tête en arrière, offert. Le serpent crut le voir renoncer, et prit le temps de rire de sa victoire. Il en eût tout juste le temps la flèche de Pan lui traversa la tête et l'épingla au sol, à quelques centimètres seulement de David.
Le roi des faunes s'approcha alors. David ne pouvait toujours pas bouger car, bien que le serpent soit mort, il était toujours emmêlé dans son corps flasque.
"Que puis-je vous donner en remerciement d'avoir sauvé ma vie ?" demanda David avant que Pan ne parle.
"J'aime te voir et t'entendre, je n'ai pas besoin d'autre raison pour te sauver."
"J'accepte néanmoins de donner quelque rétribution que tu veuilles me demander."
Pan sourit alors et, se penchant vers lui, caressa le sexe délaissé par le serpent. David frémit, et frémit plus encore quand Pan le lécha, puis le prit en bouche. Le plaisir envahit le jeune berger plus fortement qu'il ne l'avait jamais envahi personne ne lui avait jamais fait cela, et, il en était certain, personne ne saurait jamais plus le lui faire aussi bien.
Il se termina, gémissant à nouveau le nom de Pan, mais lorsqu'il se dégagea du corps du serpent pour se redresser, le faune était déjà parti. Seul restait sur l'herbe un sixième roseau.
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Il retourna guilleret au village, pensant pouvoir revenir rapidement. Malheureusement, sa grand-mère, qui vivait seule et voyait mal, tomba alors malade et il dut rester à son chevet. Elle se remit vers la fin de l'automne mais il était alors bien trop tard pour remonter: l'hiver rendait la montagne dangereuse.
Il attendit donc seul durant les longs mois d'hiver. Parfois il chantonnait en aidant le fermier à s'occuper de ses animaux, mais, bien qu'il porte toujours sa flute entre sa peau et sa chemise, jamais il n'en tirait la moindre note.
Le confinement dû à l'hiver lui permit néanmoins de se rapprocher des autres jeunes de son âge. Il comprit petit à petit que leurs moqueries ne visaient pas à le blesser, qu'il s'agissait de simples taquineries et il fut totalement accepté quand ils remarquèrent à quel point il dansait bien et savait donner la mesure sans faute.
Lorsque le printemps revint, ses aventures avec Pan semblaient lointaines, presque irréelles. Il remonta néanmoins avec les chèvres dont il avait la garde, et retourna à ses pâturages préférés.
Pan l'y attendait.
Cependant, en le voyant, il fut partagé. Devait-il être heureux et se donner au dieu tout entier ? L'an précédent, il avait caressé secrètement l'idée de se faire enlever, de rejoindre les faunes et de vivre avec eux mais à présent, il songeait à la jolie Nelly et à ses yeux bleus, à ses seins ronds qu'il brûlait de découvrir sous son corset. Il pensait aux amis qu'il s'était fait durant l'hiver, et à la chaleur d'un solide chalet de rondins.
Pan soupira en ne le voyant pas sourire, et lui tendit directement le septième roseau.
"Je t'attendais pour te donner ceci en échange de quelque chose, mais je vais plutôt te l'offrir en cadeau, en toute amitié."
"Ne t'en va pas! s'écria aussitôt David. Oh, ne t'en va pas ! Je t'ai tant attendu !"
La chaleur que Pan avait réveillée revenait petit à petit en sa présence, et bien que David sache qu'il vivrait sa vie parmi les siens, il ne songeait déjà plus à repousser le dieu et ses avances. Après tout, Pan séduisait tout le monde mais n'appartenait à personne; il n'avait sans doute jamais songé qu'à faire de lui son amant, sans plus; pourquoi refuser un plaisir pareil alors qu'il était à portée de main ?
En le voyant à nouveau prêt à le recevoir, Pan sourit enfin. il défit lui-même la chemise de David, et rit de ravissement en voyant la flûte toujours autour de son cou; et son rire était tel que David était solide sous son pantalon, et voulait seulement que Pan le prenne dans ses bras, et voulait sentir l'odeur de son sexe, sentir les muscles de ses bras autour de lui.
Mais au lieu de l'enlacer, Pan se contenta d'attacher le septième roseau à la flûte qu'il avait autour de son cou, prenant tout son temps pour ce faire.
"S'il te plaît", le supplia David. "Touche moi."
Pan rit encore, mais malgré tout ce que David lui dit, il termina sa tâche et seulement alors le renversa sur l'herbe. Il enleva au berger son pantalon, et commença par le toucher, comme David le lui avait demandé. Puis, suivant ses suppliques, il lui fit goûter son sexe et, bien sûr, en échange, goûta le sien, de façon si délicieuse que David jouit entre ses lèvres.
Lorsqu'enfin il le prépara pour le recevoir, David gémissait son nom de toutes les façons possibles, et écartait les jambes autant qu'il le pouvait. Il agrippa l'herbe lorsque Pan le prit, et gémit encore, puis cria son nom quand le plaisir le submergea.
Il refusa cependant de le laisser partir, nouant ses jambes autour de lui pour le retenir.
"Je refuse que tu me laisses encore", déclara-t-il.
Pan ne fut que trop ravi de recommencer, puis de recommencer encore, et encore, jusqu'à ce que David soit trop épuisé pour oser encore le supplier et que les ombres commencent à s'allonger sur le sol.
"Reste encore", demanda le berger.
"Tu dois redescendre au village. Cependant, je peux te faire une promesse : si tu joues encore la mélodie que tu chantes tout le temps, celle qui parle du soleil et de la rivière, je viendrai, où que tu te trouves dans les montagnes."
Pan lui fit un baiser d'au-revoir, puis le laissa nu dans la clairière, encore tout languissant de son après-midi.
David finit cependant par redescendre au village et, bien qu'il remonte souvent jouer de la flûte avec ses chèvres dans la montagne, il courtisa la belle Nelly. Il se maria et lui fit des enfants mais il lui fit aussi découvrir les plaisirs que Pan lui apprenait et, quand elle voulut en savoir plus, lui fit rencontrer son amant. Ils vécurent de nombreuses aventures à trois… mais cela est une autre histoire.
Fin