Chroniques d'un Cycle, Les Enfants de Sei
Extrait du chapitre 3
Rémiel marchait tranquillement dans la rue, remontant des forges situées en périphérie pour se rendre au Hall des Architectes, quand un ange de son clan se campa devant elle, bras croisés, et la toisa de haut en bas. Elle fronça les sourcils.
« Excusez-moi, mais je dois passer. »
Sans se démonter, l’ange fit un pas de côté. Elle passa devant lui, la tête haute, et alors qu’elle le dépassait il dit :
« Tyran. »
Elle se figea de surprise. Il avait parlé d'une voix claire et forte – arrêtant d’ailleurs quelques passants – et sans peur aucune. Surtout, il ne montrait aucune trace du respect dû aux archanges ; au contraire, son expression était ouvertement méprisante.
« Je vous demande pardon ? »
Elle n’aurait pas dû poser cette question car cela lui donnait l’opportunité de se répéter, mais elle était si abasourdie que cela lui avait échappé. Lui, bien sûr, saisit l’occasion.
« Je dis que vous êtes un tyran.
— Je suis un archange ! s’exclama-t-elle.
— Je ne nie pas que les autres en sont aussi. »
À ce point, elle avait du mal à retenir sa fureur, bien que celle-ci cache mal son désarroi. Les archanges considéraient les membres de leurs clans leurs enfants. Les troubles actuels étaient difficiles à accepter et sapaient déjà leur moral, mais là… Et venant d’un membre de son propre clan ! Rémiel n’aurait jamais cru être un jour si choquée.
« Si vous avez une critique à formuler, vous pouvez me remettre une pétition, parvint-elle à dire de son ton le plus froid. Je ne vous permets cependant pas de m’insulter ainsi en pleine rue.
— Une insulte ? Il s’agit de la simple vérité, ma Dame.
— Ça suffit ! Quel est votre nom ?
— Mon nom est Démocratie ! »
La suite fut floue.